Sur les berges de la Seine, à Port Marly, a eu lieu Flot'art, le 18 juin 2006
dédié, discrétement, aux Kogis et à gentil Cruz leur ambassadeur, traducteur, ami, mort en 2005 au service de cette cause. ("Kogis", Eric Julien et Gentil Cruz, edition Albin Michel)..

Des ateliers pour les enfants, improvisés avec de la cire, des bouchons, des écorces. De grands bateaux de papiers, des fleurs jetées, des libellules flottantes. Des guirlandes de fleurs-bougies, une pyramide lumineuse, un saxophoniste aquaporté, une photographe japonaise, des présidents, Corentin et sa théière-bateau en brick de lait avec aération calculée, un sitariste tombé de Bénares, des musiciens de jazz gitan, Pierre et sa cafetière de cire, le texte de Tô dit par Sonia au débotté, Bach sur le bord de l'eau, Jean Patrice et ses lumières dans l'île...

J'ai eu la joie de faire naître ce geste artistique atypique, avec Mariane Guyader et Pierre Frisch.
Avec l'aide, les lumineux bidons parfumés et les conseils généreux de Carmen Hoyos.
Avec l'aide des musiciens François Cotinaud, magnifique saxophoniste, Pierre Cabannes et son violoncelle,
de l'Abbm, de Jean-Patrice, son président, de Didier et son aquarium, de Samuel et son aéroglisseur,
de La Clef, Sonia pour les poèmes (qui a dit le magnifique texte de Tô), Sonia L pour les petits bateaux,
au Rowing Club,aux chanteurs de Louveciennes, Alain Vacquier au grand coeur, aux musiciens de jazz manouche, à la famille Lemaire, à Corentin qui a amené un si beau bateau...

J'en ai vus qui flottaient, qui pépiaient jusqu'à ce que les autres, les vrais oiseaux qui habitent là,
nous parlent de leur gorge et du soir naissant.
J'en ai vu qui écoutaient.
Il y a eu de la douceur, des moments de légèreté.
Chacun puisait dans l'air la densité de ce qui le retient,
l'accrochait à un lien, une image, un nuage, un brin d'herbe,
une voix, une corde généreusement tendue, encore des voix, Bach, un cithare, deux parts de gâteau, des gens étonnants.
Chacun pouvait toucher sa propre candeur et s'en émerveiller.
Il y a eu de beaux silences, des gens attentifs.
Et il y a eu de la joie, des sourires qui n'attendent pas de réponse, des gens apaisés.
L'eau nous porte et nous autorise à nous attarder.
J'ai vu des yeux traîner plus qu'un instant sur une flamme luttant contre le vent, sur la clarté sans équivoque d'un photophore en cire.
Parce que l'eau et le feu sont tout sauf rigides, on a pu s'approcher de ce qu'il y a de fluide en nous: la lumière en mouvement et le mouvement de la lumière.
Il y a eu plein de petites étincelles et de jolies étoiles.
Pas dans le ciel.
Dans l'eau, dans nos yeux. (Sonia Fontan)